Mariana TUTESCU, L'Argumentation
Introduction à l'étude du discours

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4. Or

 

        Opérateur d’argumentation, la conjonction or marque un moment particulier d’une durée ou d’un raisonnement.
        Soit cet exemple où il est question de la mort bizarre, due - semble-t-il - à un empoisonnement médicamenteux du personnage nommé Germain Paumelle:
(26)         Il tremblait, il gesticulait, la bouche ouverte, les yeux fous. Enfin, il roula sur le sol, où il continua à se tordre, en proie à d’horribles convulsions.
        Son fils, pendant ce temps, avait averti le médecin le plus proche; mais, quand celui-ci arriva, il était trop tard.
        L’enquête commença aussitôt. Elle permit d’établit que la mort est due à l’absorbtion d’une forte dose de strychnine que Germain Paumelle a avalée en place d’aspirine.
        Comme il faisait une grande consommation de cette dernière drogue mélangée à de la caféine, il en avait toujours chez lui une pleine boîte.
        Il ne la prenait pas en cachets. Il préférait diluer sa poudre dans un peu d’eau, comme il le fit ce soir-là.
        L’aspirine était contenue dans de petits sachets qui contenaient chacun une dose de 50 centigrammes.
        Or, le médecin, en examinant les sachets qui restaient dans la boîte, n’y trouva pas la moindre trace de strychnine.
        Il est donc clair qu’un seul cachet de poison a été glissé dans l’étui. Et c’est celui-là que Paumelle a eu le malheur de choisir.         Peut-être, d’ailleurs, était-il placé au-dessus des autres
(G. Simenon, Les 13 mystères).

        Qu’on envisage, également, cet autre exemple, où or marque clairement un chaînon narratif, le moment particulier d’un raisonnement et / ou d’une durée:
(27)         Des gamins jouaient à moins de dix mètres de la grille. Ils grimpèrent sur les marchepieds de la voiture que les voyageurs avaient abandonée pour pénétrer dans le jardin. D’où ils se trouvaient, ils eussent fatalement entendu un bruit un peu fort: détonation, éclats de voix, etc.
        Or ils ont été questionnés en vain

                                                        (G. Simenon, Les 13 mystères).
        Dans un raisonnement, or sert à introduire la mineure d’un syllogisme. Soit cet exemple, puisé à la Logique du Port-Royal:
(28)         Ceux qui ont tué César sont parricides ou défenseurs de la liberté.
        Or ils ne sont point parricides.
        Donc ils sont défenseurs de la liberté
(cit. ap. P. OLÉRON, 1983: 40) [40].
        Le connecteur or introduit un argument ou une objection à une thèse. Il suffit d’examiner de près, à ce sujet, l’exemple suivant:
(29)         Mais les graines sont invisibles. Elles dorment dans le secret de la terre jusqu’à ce qu’il prenne fantaisie à l’une d’elles de se réveiller. Alors elle s’étire, et pousse d’abord timidement vers le soleil une ravissante petite brindille inoffensive. S’il s’agit d’une brindille de radis ou de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut. Mais s’il s’agit d’une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu’on a su la reconnaître. Or il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince... c’étaient les graines de baobabs. Le sol de la planète en était infesté. Or un baobab, si l’on s’y prend trop tard, on ne peut jamais plus s’en débarrasser. Il encombre toute la planète. Il la perfore de ses racines
        (A. de Saint-Exupéry, Le Petit Prince).
        Ces deux occurrences du mot or marquent l’existence de deux arguments.

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This book was first published by Editura Universitãţii din Bucureşti under
ISBN 973-575-248-4
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Last update: February, 2005
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